AUSWANDERERBLOG

Landbewirtschaftung

Posted in Agrikultur by ruedibaumann on Oktober 29, 2010

Wem sind sie nicht schon aufgefallen: die runden Bewässerungsfelder in den USA, besonders in Kansas. Die Kehrseite der Medaille wird in dem nachfolgenden Artikel in der „Le Monde“ vom 25. Oktober gezeigt: die unterirdischen Wasserreservoire werden im Laufe von nur einer Generation fast vollständig erschöpft sein. Aber lesen Sie selbst:

Quand Wiley McFarland, 86 ans, a commencé sa carrière d’agriculteur à Cimarron, Kansas, pas grand-chose ne poussait dans les hautes plaines du centre des Etats-Unis. Seul du bétail pâturait en liberté sur une végétation steppique. C’était avant la découverte d’un trésor enfoui : l’aquifère Ogallala, une des plus grandes nappes d’eau souterraine au monde, qui s’étend sous huit Etats, du Dakota du Sud au Texas.

Cinquante ans plus tard, grâce à elle, tout a changé. La région est devenue une des plus productives au monde. Les agriculteurs ne parlent pas de leurs champs, mais de leurs „cercles“ : leurs contours suivent la forme décrite par les pivots d’irrigation qui tournent autour des puits. D’immenses silos sont sortis de terre, uniques éléments verticaux dans l’immensité du paysage. Le bétail se presse dans des élevages intensifs qui rassemblent jusqu’à 100 000 têtes. Un cinquième du blé, du maïs, du sorgho, de la luzerne, du coton et de la viande du pays vient d’ici.

„PLUIES TROP FAIBLES“

Mais tout cela est menacé de disparition. Si rien ne change, le gigantesque aquifère ne sera plus exploitable dans trente ans. „Les pluies sont beaucoup trop faibles pour compenser les énormes prélèvements agricoles“, explique Mark Rude, directeur du district de gestion de l’eau du sud-ouest du Kansas. Déjà, sous l’effet du manque d’eau, les cercles irrigués se transforment en demi ou en quart de cercle, ou disparaissent : les champs retournent à la prairie originelle. „Si on continue comme ça, je ne sais pas qui vivra encore ici dans quelques décennies“, poursuit M. Rude.

Comme tout le monde, Wiley McFarland est „monté dans le train de l’irrigation“ au moment de son explosion, dans les années 1970. Il y a beaucoup gagné : parti avec 200 hectares, il en possède aujourd’hui 2 000. Mais il subit les conséquences de l’épuisement de la nappe. Le débit de ses puits a diminué de moitié. Le prix des terres est en baisse. Et le vieil homme pense avec tristesse que l’ouest du Kansas pourrait bien ressembler, demain, à celui de sa jeunesse.

Fallait-il consommer cette eau prisonnière du sol depuis des milliers d’années pour produire des aliments en grande partie destinés au bétail ? „Avec le recul, cela paraît injustifiable, réfléchit-il. Mais, sur le coup, ça l’était, du point de vue du développement économique.“ M. McFarland regrette que le développement de l’irrigation n’ait pas été plus contrôlé. Les droits d’eau ont été accordés sans compter à qui les réclamaient.

Aucun nouveau permis de forer n’a été accordé depuis 2004 dans le Kansas, mais le pompage se poursuit sans restriction sur les quantités. Pourtant, selon Mark Rude, il faudrait limiter la baisse de la nappe à 40 % d’ici vingt-cinq ans. „L’objectif est de planifier la diminution de la ressource, afin que tout le monde ait le temps de s’adapter, et que la distribution se fasse de manière juste“, explique-t-il.

Personne ne songe à défendre un arrêt immédiat de l’irrigation pour laisser un maximum d’eau aux générations futures, bien que la région soit victime de longues sécheresses. „Celui qui dirait cela passerait pour un imbécile, pour quelqu’un qui vit en dehors de la réalité“, affirme M. Rude. Tout ici dépend de la nappe, y compris les nouvelles usines de biocarburants, fabriqués à partir du maïs et du sorgho, dont les émanations flottent souvent dans l’air.

„L’idée qui prévaut, c’est d’utiliser l’eau tant qu’il en reste“, constate M. Rude. D’autant que les cours élevés du maïs, très gourmand en eau, sont tirés par la demande pour les biocarburants, ce qui encourage l’irrigation. „Le problème, c’est que la valeur future de cette eau n’est pas quantifiable économiquement, poursuit M. Rude. Donc, malheureusement, elle n’existe pas. Sa seule valeur réside dans son utilisation aujourd’hui.“

Les agriculteurs, cependant, sont de plus en plus parcimonieux, contraints et forcés par la baisse du débit de leurs puits. „Nous nous sommes déjà adaptés, et nous continuerons“, affirme Clay Scott, un jeune agriculteur. Des évolutions techniques (matériel économe, semis sans labour) permettent de produire avec moins d’eau. M. Scott place beaucoup d’espoirs dans de nouvelles variétés de plantes génétiquement modifiées, adaptées à la sécheresse, et promises de longue date par les semenciers. Elles seront disponibles en quantités limitées l’année prochaine, dit-il.

Mais rares sont ceux prêts à limiter volontairement leurs prélèvements pour que la nappe dure. „Il faudrait la préserver, mais personne ne veut arrêter de pomper le premier !“, résume Mike O’Brate, un autre agriculteur. Beaucoup pensent que l’irrigation ne cessera que quand le coût de l’énergie nécessaire pour extraire une eau toujours plus profonde sera trop élevé. „J’espère que cela arrivera avant que l’on manque d’eau potable !“, souffle M. McFarland.

Beaucoup de fermiers pensent que oui. Mais Rodger et Boid Funk, 83 et 57 ans, n’en sont pas sûrs. „La nappe est utilisée comme une mine d’or ou un puits de pétrole, regrettent le père et le fils. On peut se demander jusqu’où ça ira !“ Eux ont complètement cessé d’irriguer leurs terres. Ils „passent pour des fous“ mais s’en fichent. „On s’en sort très bien, explique Boid Funk. Mais il faut beaucoup de terres.“ Car, sans irrigation, les rendements sont, au mieux, divisés par quatre.

Aucune mesure de sauvegarde de la nappe n’a été prise par le gouvernement fédéral. L’eau est gérée localement. Heureusement, selon M. Rude : „Aucune solution imposée d’en haut ne marcherait, assure-t-il. Pour convaincre, il faut parler aux agriculteurs de ce qui se passe sous leur exploitation.“ Alors, tous les vendredis à 7 h 35, il prend la parole pour parler d’eau sur la radio agricole locale.

Pourtant, l’épuisement de l’aquifère aura aussi des conséquences nationales. D’abord, il provoquera la perte d’une réserve considérable d’eau potable : les prélèvements dans l’Ogallala représentent un quart de la consommation d’eau douce souterraine des Etats-Unis. Ensuite, il pourrait entraîner une hausse du prix des denrées agricoles, donc de l’alimentation, du fait de la baisse de la production agricole dans le grenier de l’Amérique.

Gaëlle Dupont

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